Charles Green vient d'acheter le château de Marcei, près d'Argentan. L'homme d'affaires a quitté la présidence du club écossais des Glasgow Rangers pour se consacrer à sa passion des chevaux.
L'histoire
Le football et les chevaux sont les deux passions de Charles Green. L'an dernier, il est devenu le patron des Glasgow Rangers. Un peu par hasard. « En mars 2012, on m'a contacté pour reprendre le club qui venait d'être placé en redressement judiciaire, mais j'ai refusé : j'avais juste envie d'acheter une propriété en Normandie pour y vivre avec mes 30 chevaux. » Il avait même trouvé l'endroit idéal, à Marcei près d'Argentan, mais la vente s'éternisait. Alors quand on le relance en mai pour diriger le consortium chargé de racheter le club de foot écossais, cette fois il dit « yes ».
49 000 spectateurs pour un match de 4 e division
« Le club avait une dette de 100 millions de livres ! Un tour de table avec des investisseurs a réuni 25 millions, les administrateurs ont accepté d'éponger le reste. » En juin dernier, il est ainsi à la tête d'un club mythique (54 titres nationaux, une coupe d'Europe en 1972) mais... relégué administrativement en quatrième division écossaise.
Le challenge est double : redonner une surface financière au club et un niveau sportif digne de son standing. « En décembre, j'ai introduit le club en bourse à Londres, on a obtenu 25 millions de livres via des fonds d'investissement, et 6 000 fans ont ajouté 5,5 millions en devenant actionnaires. » Une mise en bourse déjà appliquée au club anglais de Sheffield United qu'il a dirigé entre 1996 et 1999.
Le pari fonctionne également sur le terrain, les fans suivent et le club enregistre un record mondial d'affluence pour un match de 4 e division, avec 49 118 supporters... La saison prochaine, les Rangers joueront ainsi en 3 e division, mais Charles Green n'en sera plus le président.
« Tout n'a pas été simple », admet-il. Il échoue dans son projet de faire transférer les Rangers vers le lucratif championnat anglais, « alors que les clubs gallois de Swansea ou de Cardiff y jouent bien ! » Un procès avec l'ancien propriétaire du club n'arrange rien. « Il y avait une pression quotidienne permanente... Sauver le club fut un défi que je ne regrette pas d'avoir mené, mais une fois la remontée en 3 e division acquise, j'ai démissionné (le 18 avril, NDLR). Ma vie est ailleurs... »
Plus précisément en Normandie. « J'ai toujours été fasciné par les pur-sang. La Normandie étant l'épicentre du monde du cheval, c'est ici que j'ai décidé de commencer une nouvelle vie. » Pendant deux ans, du Mont-Saint-Michel à Lisieux, il visite une trentaine de propriétés et tombe sous le charme du château de Cordey à Marcei, commune de 200 habitants à la sortie d'Argentan. « A chacune de mes visites, c'est comme si le château me disait : « Achète-moi » », sourit le jeune sexagénaire.
Pour un peu plus de 400 000 €, il est devenu propriétaire de ce petit château du XVIII e siècle et des 27 ha de prairie et de bois qui l'entourent. « J'espère avoir fini les travaux d'ici trois mois, et amener mes chevaux. » Pas la moindre chance de le voir replonger dans le football français, alors ? « En passant devant le stade d'Argentan, mon fils m'a taquiné en disant que ce serait un chouette challenge. Mais c'était juste une blague. » S'il le dit...
François BOSCHER.